La force de l’investigation historique in situ : les témoins comme les murs peuvent dire … Un positionnement de chercheuse affirmé.

Le Château du Coudray-Montpensier à Seuilly (Indre-et Loire) et ses enfants. (Montage autour d’une photo de l’édifice prise en 2019 et un cliché d’archives mis à disposition par Christian Feray, son propriétaire)

Par Isabelle VAHA

     La recherche historique ne se résumerait pas à la seule lecture d’archives et d’ouvrages spécialisés. Elle est portée également par ce qui est désignée comme « la recherche culturelle participative ». Elle gagne à s’enrichir d’enquêtes in situ qui permettent parfois un décryptage plus fin des supports écrits et même d’en faciliter la mise en perspective. L’audition des témoins et la fouille quelque peu intrépide dans des greniers et des caves apportent des éléments d’informations parfois surprenants qui peuvent provoquer le débat consensuel ou contradictoire.

Être chercheur(se), aussi bien d’une façon autodidacte ou plus scientifique, suppose de mener une démarche d’investigation basée sur la collecte de données dont la qualité est nécessaire comme l’est leur diversité et leur dimension panoramique. Dans le dictionnaire du « détective historique » figurent essentiellement les termes suivants : chercher, explorer, affiner, comprendre, analyser, mettre en perspective, etc. Être chercheur(se) c’est aussi jouer au funambule entre les prescrits des corps universitaires criblés par l’indispensable objectivation des faits, des événements, et les affects et la spontanéité créative qui traversent tout un chacun.

D’emblée, afin de bien poser le cadre de cet article, il ne s’agit pas d’orchestrer une joute concurrentielle entre la consultation des archives, la lecture d’ouvrages d’auteurs désignés comme experts et l’enquête in situ. Les unes comme les autres, mises en coprésence, ne peuvent qu’apporter une plus-value à la recherche.  Pour preuve, l’expérimentation d’une façon presque transitive, de mes précieuses recettes d’investigations historiques en mélangeant les poussières d’une étagère de la Bibliothèque Nationale et celles, par exemple, du grenier de La Futaie, château situé aux confins de la Sarthe. C’est, certes, une façon imagée de dire les choses et donc fort peu scientifique. Quoiqu’il en soit, la confrontation pointue entre les éléments d’archives et l’exploration concrète des caves de l’édifice m’ont permis de visualiser l’organisation des stocks de ravitaillement destinés aux enfants[1] et surtout de comprendre celle de l’hébergement, l’attribution des espaces aux personnels et d’expliciter au mieux les allégations des inspecteurs du Secours National dans leurs rapports de fonctionnement.

C’est aussi par le biais de l’enquête in situ que j’ai rencontré une ancienne petite pensionnaire (92 ans !) du Château de Lamberval, dans l’Oise, découvert d’une manière fortuite, qui m’a conduite à recenser une nouvelle Maison d’enfants qui n’apparaissait pas sur les listes conservées dans les archives, pourtant désignées comme exhaustives. Sans compter la surprise de pouvoir déchiffrer des prénoms sur les murs élimés par le temps, lors de ma visite en ces lieux.

Une même enquête in situ dans d’autres châteaux ont encore ouvert de nouvelles perspectives de lecture du sort des enfants de la guerre. => Lire la suite et télécharger l’article entier en pdf : La force de l’investigation historique

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[1] Ces investigations entraient dans l’élaboration de ma thèse : « Les Maisons d’enfants sous tutelle du Secours National/Entr’Aide d’Hiver du Maréchal, entre prescrit idéologique et créativité pédagogique », Paris 8/Ecole doctorale Pratiques et théories du sens, Institut de l’Histoire du Temps Présent (IHTP-CNRS), soutenue le 10 octobre 2022.

 

 

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