Par Olivier PIGOREAU
L’une des unités allemandes les plus brutales ayant opéré en France pendant l’Occupation était composée de… Français.
En dépit de la modestie de ses effectifs, la 8e compagnie du 3e régiment de la division Brandebourg fut, à n’en pas douter, un acteur de premier plan de la répression de la Résistance conduite par les Allemands dans le Sud de la France en 1943-1944. Non seulement en Provence, où l’action de cette unité très particulière fut la plus lourde de conséquences mais aussi dans certains départements limitrophes de l’actuelle région PACA (Ardèche et Gard, notamment) et dans le Sud-Ouest (Gironde et Pyrénées-Atlantiques, surtout). Action dont l’ampleur est notamment confirmée par la lourdeur du bilan criminel imputable à l’unité : entre 350 et 500 assassinats (ce qui exclut les maquisards tués lors des combats), selon une estimation réalisée par l’auteur de ces lignes pour son livre Sanglante randonnée (Histoire et Collections, 2013), consacré à l’action de la 8e compagnie dans notre pays et à celle d’une partie de ses membres versés dans les formations de chasse de la Waffen-SS à l’automne 1944. Ces chiffres font de notre objet d’étude l’une des formations allemandes les plus brutales de toutes celles ayant opéré en France. Il est vrai loin derrière la division Das Reich qui, ne serait-ce qu’avec le massacre d’Oradour, ne peut être délogée de la tête du classement, mais que la 8e compagnie surclasse si l’on raisonne en valeur relative, c’est-à-dire si l’on ramène le nombre des victimes à l’importance des effectifs.
Jusqu’à la parution, en 2013, de mon livre Sanglante randonnée, l’action de la 8e compagnie (devenue Streifkorps Südfrankreich en juillet 1944), n’avait été abordée que de façon succincte dans un ouvrage consacré à la collaboration militaire (Les Français sous le casque allemand, Pierre-Philippe Lambert et Gérard Le Marrec, Grancher 1994) ou dans des livres au cadre territorial limité à certains départements comme le Vaucluse, l’Ardèche ou le Gard. Elle avait été évoquée, sans être citée, dans une œuvre de fiction, le livre Un homme de trop de Jean-Pierre Chabrol (Gallimard, 1958) adapté au cinéma en 1967 par Costa-Gavras, où les soldats de la 8e compagnie étaient présentés à tort comme des Waffen-SS.
L’histoire commence en 1943… Lire la suite => O. Pigoreau 8e cie Pour HSCO
L’auteur : Olivier Pigoreau travaille depuis plusieurs années sur l’histoire de la collaboration. Il a notamment publié Nom de code : Atlas (Nouveau Monde éditions, 2011), Sanglante randonnée et 1944 : L’été chaud des collabos (Histoire et Collections, 2013 et 2014).
Voir son « mini-blog » ici https://www.39-45.org/blog.php?u=8430