Par Jean-Marc Berlière.
Le « premier parti résistant » de France l’a-t-il toujours été ? Non, explique l’historien Jean-Marc Berlière, qui démêle les faits de la toile de mythes tissée par une historiographie pas toujours très objective.
Ce texte a été initialement publié sur le site du Nouveau Conservateur, dans une version plus courte, puis sur le site de Front Populaire, le 8 avril 2024, dans la version longue que nous reproduisons ici avec l’accord de son auteur. Il peut être téléchargé en pdf ici : JM Berlière Une heure de moins pour la production…
La panthéonisation de Missak Manouchian a été l’occasion de rappeler le rôle des communistes (en l’occurrence étrangers) dans la résistance depuis l’été 1941. Sans minorer le sacrifice de tous ces militants, et sans interroger le bilan de leurs actions en termes militaires et nombre de victimes collatérales (otages notamment), il paraît nécessaire – pour la vérité historique – de rappeler que si, à partir de l’été 1941, le PCF, répondant aux injonctions pressantes de Moscou, a joué un rôle indéniable dans la lutte contre l’occupant nazi, cet engagement fut tardif. Pendant près de deux ans, le futur « premier parti résistant » – et ses militants aujourd’hui honorés et qui « aimaient la France à en mourir » – avaient eu une tout autre attitude.
Durant la « drôle de guerre », le PCF a approuvé, puis défendu le double pacte germano-soviétique d’août et septembre 1939, dénoncé les démocraties occidentales qui auraient déclenché le conflit pour nourrir leurs appétits impérialistes, appelé au sabotage de l’effort de guerre français, orchestré une campagne de démoralisation de l’opinion, avant d’exprimer sa satisfaction de voir l’impérialisme français vaincu et la démocratie bourgeoise mordre la poussière après la défaite de mai-juin 1940.
La nouvelle de la signature à Moscou, le 23 août 1939, par Ribbentropp et Molotov d’un pacte de non-agression (qui comprend bien d’autres aspects) fut une totale surprise pour des communistes français alors engagés dans la lutte antifasciste. Mais, conformément à la 16e des « 21 conditions de Zinoviev » adoptées au congrès de Tours en 1920, il a obéi comme il l’avait fait à chaque changement de ligne politique décidée par Staline : la tactique « classe contre classe » à la fin des années 1920, puis celle des « fronts populaires » contre le fascisme après 1934.
Il a obéi, mais avec un délai que l’Internationale communiste lui a reproché. Après avoir conservé la ligne antifasciste pendant quelques jours et voté les crédits de guerre le 2 septembre 1939, le PCF négocie un virage à 90 degrés : il condamne désormais le « double impérialisme » conformément aux instructions apportées de Moscou par Raymond Guyot. Cette initiative, propre à déstabiliser le pays, décide les autorités françaises — qui ont déjà interdit la presse communiste le 26 août, puis dissous, le 26 septembre, toutes les organisations affiliées à la IIIe Internationale — à réprimer plus durement encore un parti qui soutient une politique contraire aux intérêts nationaux et confine à la trahison.
Après sa désertion le 4 octobre 1939, Maurice Thorez, réfugié dans un premier temps à Bruxelles, a rejoint Moscou, le 8 novembre 1939. Il avait des comptes à rendre. Les dirigeants soviétiques comme ceux de l’Internationale communiste (IC) n’ont pas apprécié la lenteur avec laquelle le PCF a épousé la nouvelle ligne. Maurice Thorez en convient. « La direction du parti, écrit-il le 16 novembre 1939, a poursuivi et conserva jusqu’à la fin septembre une position antifasciste complètement erronée qui paralysa toute résistance à l’impérialisme français et à son gouvernement » : mea culpa intéressant qui va être accompagné de textes d’une violence et d’une bassesse inouïes contre Léon Blum. Désormais et pendant la « drôle de guerre », le principal adversaire du PCF ne sont plus le fascisme hier encore désigné comme « l’avilissement, l’anéantissement de l’individu », Hitler et l’Allemagne nazie — des tracts sans ambigüité appellent les soldats français à fraterniser avec les Allemands — mais le gouvernement français et la république auxquels, effectivement, il « résiste » désormais tous azimuts. Comme le rappellera une de ses circulaires : « dans toute guerre impérialiste, l’ennemi est à l’intérieur. »
Les clauses secrètes du pacte, complétées par des mesures confidentielles prises le 28 septembre 1939, délimitent les zones d’influence que les deux dictateurs se réservent à l’Est et au centre de l’Europe. La zone d’influence soviétique comprend les anciennes parties d’un empire russe que Staline s’efforce de reconstituer : Pays baltes – Estonie, Lettonie, Lituanie, Carélie finlandaise, Bessarabie, et partie orientale de la Pologne. En conséquence, après avoir participé au dépeçage de la Pologne, les troupes soviétiques, tentent d’envahir l’isthme de Carélie le 1er décembre 1939. Contre toute attente, l’armée rouge essuie de sanglants et humiliants revers face aux Finlandais dont la cause et la vaillance suscitent sympathie voire enthousiasme dans l’opinion publique. La France a promis des armes à la Finlande agressée. L’IC engage donc le PCF à saboter l’effort de guerre français, comme en témoignent les télégrammes adressés en janvier 1940 à Benoît Frachon et Arthur Dallidet qui président à Paris aux destinées du parti clandestin. Un premier message leur parvient de Bruxelles le 5 janvier 1940 : « le moment est venu pour nous d’orienter les ouvriers vers le sabotage des fabrications de guerre destinées à la Finlande ». Conformément à ces instructions, le PCF mobilise ses militants pour empêcher que des armes soient acheminées vers la Finlande. Ce sont d’abord, en janvier, les cheminots et les dockers qui sont sollicités pour paralyser les transports : « Il faut s’opposer à l’envoi de matériel et d’hommes au bourreau Mannerheim. Il faut empêcher les « batteries » modernes de partir contre les libérateurs du peuple finlandais. Ouvrier, tu le peux ! Cheminots, dockers, marins, opposez-vous au transport du matériel destiné aux gardes blancs de Finlande ».
Puis, le parti franchit un pas important en appelant clairement au sabotage de la production de matériel de guerre : « Ouvriers ne soyez pas complices de vos pires ennemis qui combattent dans l’Union soviétique le triomphe du socialisme sur un sixième du globe : par tous les moyens appropriés, en mettant en œuvre toutes vos ressources d’intelligence et toutes vos connaissances techniques, empêchez, retardez, rendez inutilisables les fabrications de guerre. Contrecarrez ainsi l’action des gouvernants français qui aident les fascistes finlandais et se préparent, dans le Proche-Orient*, à attaquer l’Union soviétique parce qu’elle est le pays du socialisme ». (* allusion à un projet parfaitement irréaliste d’une attaque française à partir de la Syrie contre les champs pétroliers de Bakou !)
Conformément aux vœux de l’IC, aux encouragements, mots d’ordre et tracts du PCF clandestin, des militants, « affectés spéciaux » dans les usines travaillant pour la défense nationale, vont user de leurs « ressources d’intelligence » et de leurs « connaissances techniques » pour multiplier les sabotages dans ce « printemps de la trahison » qui est resté longtemps un déni communiste et un trou noir historiographique (comme l’ont montré cérémonies et publications qui ont accompagné la panthéonisation du couple Manouchian).
Une recherche systématique entreprise dans les dossiers de la justice militaire, du service historique de la défense, dans ceux des Archives départementales concernées, et ceux de la série F7 des Archives nationales conservant les dossiers de sabotages ou d’enquêtes dans les usines travaillant pour la défense nationale, donne à voir qu’en réalité ce « défaitisme révolutionnaire » et le passage à l’acte sont antérieurs à la guerre de Finlande (qui se terminera par le traité de Moscou du 12 mars 1940 prévoyant l’annexion par l’URSS de la Carélie et celle de 20% du potentiel industriel de la Finlande).
Dès l’automne 1939, dans la masse des « accidents », « erreurs », « fausses manœuvres », dont le caractère délibéré n’est pas toujours assuré, mais qui ralentissent néanmoins constamment la production, il ne se passe pas une journée sans incident de ce type. Aux usines Renault de Boulogne-Billancourt, ce sont des mélanges abrasifs, de la limaille, des potées d’émeri jetées dans des carters de moteurs, ce sont des boulons, écrous, outils, ferrailles « oubliés » dans les engrenages de machines, les boîtes de vitesse, les transmissions ; ce sont encore des câbles sciés, des pièces délibérément « loupées », mal montées, des écrous non goupillés, des circuits électriques coupés, des tubulures marquées d’un trait de scie… Nombre de ces actions suscitent des enquêtes difficiles faute de témoins ou de témoignages. Ce sont ces enquêtes qu’on trouve dans les dossiers des Brigades mobiles régionales de police judiciaire en province, de la police judiciaire de la Préfecture de police à Paris et sa banlieue qui permettent de mesurer le nombre et la diversité de ces actes de sabotage.
Quelques exemples caractérisés permettent néanmoins de mieux apprécier l’ambiance qui règne dans de nombreuses usines travaillant pour la défense nationale pendant cette « drôle de guerre » et les conséquences des mots d’ordre et tracts qui circulent, parfois accompagnés de conseils pratiques voire de schémas pour saboter ou ralentir la production. Notons que beaucoup de ces sabotages – épiscopes de chars d’assaut et tableaux de bord et instruments de navigation des avions saccagés –ne seront découverts – à leurs dépens – par les équipages qu’une fois les combats engagés, en mai 1940.
À la Société Générale d’Application d’Électricité et de Mécanique de Montluçon (SAGEM), on découvre, le 10 octobre, qu’un même défaut affecte, à l’intérieur de la partie rayée et toujours à la même profondeur, l’acier spécial de 58 tubes de canons antichars de 25 mm, ces canons qui feront merveille en mai contre les Panzers. Après une première enquête qui conclue curieusement à un défaut de fabrication dû à une malfaçon, ce que contestaient un certain nombre d’enquêteurs et de techniciens, l’expertise du Dr Locard le criminaliste lyonnais effectuée à la demande du juge d’instruction de la 13e région militaire le 3 février, démontre qu’il s’agit d’un sabotage systématique effectué à l’aide d’un mélange sulfonitrique (acide nitrique + sulfurique) introduit dans le tube à l’aide d’un morceau d’étoupe fixé à l’extrémité d’une tige. Le ou les coupables, alertés par les essais, investigations, enquêtes demeureront inconnus.
Novembre 1939, une série de sabotages, accompagnés de tracts et papillons calligraphiés, se produit à l’usine de bougies BG, impasse Thoreton, Paris, 15e.
Le 29 décembre 1939, lors d’essais sur le plateau de Satory, 11 chars Renault B1 de 300 cv sortis de l’usine de Boulogne-Billancourt tombent en panne. On découvre que les fils reliant les charbons à la dynamo ont été coupés : après quelques heures de fonctionnement ce sabotage ingénieux immobilise le char qui se voit en outre privé de radio et dont la tourelle est bloquée. L’enquête minutieusement conduite permet de déterminer que les sabotages ne peuvent avoir lieu que dans les deux ateliers de l’île Seguin où les dynamos sont démontées pour vérification après les différents contrôles et essais, : soit l’atelier 353 — où l’on retrouve de fait trois dynamos sabotées — et 297— où l’on trouve deux autres dynamos hors d’usage. Elle démontre également que les premiers sabotages ont été effectués dès septembre 1939. Mais faute de discrétion dans les investigations menées, le ou les coupables ne peuvent être identifiés avec certitude. À l’usine SOMUA de Vénissieux, en février 1940, ce sont des conduites de gaz et raccords d’essence qui sont détériorés par des spécialistes très avertis. En mars, un acte de malveillance crée des problèmes d’alimentation électrique… À la cartoucherie de Toulouse, se produisent plusieurs sabotages avérés — enrayement de machines par introduction de poinçons métalliques, de clous, dérèglement des tours — en décembre 1939, janvier et février 1940…
Les constructions navales, notamment à Saint-Nazaire où l’achèvement du Jean Bart est ralenti en permanence par des sabotages incessants (clous plantés dans les faisceaux électriques pour provoquer des courts-circuits, incendies à répétition…), sont très touchées. Ici, ce sont les engrenages de contre-torpilleurs qui sont sabotés, là le fonctionnement des tourelles. Des sabotages à répétition rappellent les actes continuels de malveillance dont fut la cible le cuirassier Strasbourg sur ces mêmes chantiers.
Quant à la construction aéronautique, la complexité et la fragilité des avions en font une cible permanente : les sabotages des radiateurs d’huile destinés à des moteurs d’avions, aux établissements Lamblin, repliés de Levallois-Perret à Orval près de Saint-Amand-Montrond (Cher) en avril-mai 1940 et les détériorations diverses — gouvernes, ailes — des Potez 63 fabriqués par la Société Nationale des Constructions aéronautiques de l’Ouest illustrent cette fragilité. Les enquêtes sont difficiles : des ingénieurs — par crainte de représailles ? — accréditent contre toute vraisemblance la thèse de l’accident ; aucun témoin, jamais, ne parle. Cette impossibilité d’identifier la plupart des saboteurs ou des meneurs souffre quelques exceptions, que les archives de police et celles de la Justice militaire permettent de préciser.
La plus connue concerne une série de sabotages qui se produisent à l’usine de la Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Centre, rue de Silly à Boulogne sur Seine, depuis le mois de février. Le 1er mai 1940, en fin de soirée, on découvre, par hasard, le sabotage – le sectionnement du freinage d’un écrou sur la tubulure d’arrivée d’essence – d’une vingtaine de moteurs d’avions Gnome et Rhône sur le point d’être livrés. L’enquête rapidement menée grâce à un informateur et à une imprudence commise par l’auteur des sabotages démontra que ces derniers, difficiles à repérer et à effectuer parce qu’ils intervenaient sur le moteur entièrement monté, avaient été réalisés à « l’atelier 1400 » par un jeune ajusteur de 17 ans, Roger Rambaud, sur les conseils de son frère aîné, Marcel, et de Maurice et Léon Lebeau, deux de leurs amis et voisins. Convaincus de sabotage et de complicités, six militants de Versailles furent déférés devant la justice militaire. Quatre d’entre eux, les deux frères Rambaud et les deux frères Lebeau, furent condamnés à mort par le 3e Tribunal militaire de Paris, le 27 mai 1940. Deux complices, Roger Leroux et Raymond Andrieu, le furent à 20 ans de travaux forcés. Maurice Lebeau, 17 ans, ayant bénéficié, le 18 juin, d’une grâce présidentielle, les deux frères Rambaud et Léon Lebeau furent fusillés au stand de Verthamon (commune de Pessac) le 22 juin à 5h45 alors que les troupes allemandes entraient dans la ville. Roger Rambaud, qui mourut face à un peloton d’exécution de militaires français, avait 17 ans, l’âge de Guy Môquet, mais le PCF se garda bien d’en célébrer la mémoire.
On comprend dans ces conditions pourquoi, parmi les arguments suggérés par Maurice Tréand responsable des « cadres » à sa secrétaire Denise Ginollin qu’il a envoyée à partir du 18 juin 1940 négocier avec le service de presse de la Kommandantur puis la Propaganda Abteilung et l’ambassade allemande pour obtenir la reparution de la presse communiste, figurent l’aide apportée aux Allemands (« si vous êtes ici c’est un peu grâce à nous ») et le rappel des condamnations de militants ayant saboté l’effort de guerre français (« avons eu pelotons d’exécutions »), l’essentiel étant, pour le PCF clandestin, la chute de la « république bourgeoise » abhorrée. Si les négociations échouèrent, il n’en demeure pas moins que le vainqueur – reconnaissant ? – libéra Tréand, Ginollin et plusieurs centaines de militants arrêtés et emprisonnés par la police de la IIIe république : ce qui fit croire au préfet de police Roger Langeron qu’un article secret du pacte germano-communiste protégeait les communistes français.
On l’aura compris : avec un tel passif, le chemin promettait d’être long et difficile pour que le PCF puisse se présenter, 4 ans plus tard et non sans impudence, comme le « premier parti résistant » et le « parti des fusillés ». Un retournement d’image qui supposa beaucoup de cynisme – ou, si l’on préfère, de réalisme tactique – de la part du général de Gaulle, mais qui explique aussi l’importance (la nécessité ?) du sacrifice de nombreux militants dont le martyre constamment rappelé doit avant tout servir à effacer deux années que beaucoup préfèrent étouffer au profit de la célébration du rôle de communistes – devenus des « patriotes » dans le vocabulaire de l’après-guerre – qui avaient selon le vœu de M. Thorez « réconcilié le drapeau tricolore de nos pères et le drapeau rouge de nos espérances ».
Avec la guerre froide, le secrétaire général du PCF eut l’occasion, de préciser les limites et les contours du patriotisme du PCF et sa résistance à une éventuelle occupation : « …si l’armée soviétique défendant la cause des peuples, la cause du socialisme, était amenée à pourchasser les agresseurs jusque sur notre sol, les travailleurs, le peuple de France pourraient-ils se comporter envers l’armée soviétique autrement que les travailleurs, que les peuples de Pologne, de Roumanie, de Yougoslavie ? » (23 février 1949). Un raccourci saisissant quand on connaît l’enthousiasme des peuples « libérés » et occupés par l’armée rouge… Après le discours de Pithiviers (juillet 2022) un nouvel exemple d’une instrumentalisation de l’histoire au mépris de la recherche.
Pour approfondir :
Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le Sang des communistes, Fayard, 2005
Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, L’affaire Guy Moquet,Larousse, 2007.
Gilles Morin, « Paroles de ’défaitistes’. Communistes, pacifistes et protestataires pendant la « drôle de guerre ». XXeme siècle. Revue d’histoire/128, octobre-décembre 2015, p. 105-118.
Moscou-Paris-Berlin 1939-1941. Télégrammes chiffrés du Komintern. Tallandier, 2003.
Rossi Amilcare (alias d’Angelo Tasca), Les communistes français pendant la drôle de guerre, Les Îles d’or, 1951.
Jean-Jacques Marie, La Collaboration Staline-Hitler, Tallandier, 2023.
Débat :
Un historien anglo-saxon qui ne semble pas avoir dépouillé les archives concernées, minimise l’importance de ces sabotages, qui -c’est évident- n’expliquent pas la défaite française (!) mais éclairent l’attitude antipatriotique du PCF de l’époque (Talbot Imlay, « Mind the Gap ; The Perception and Reality of Communist Sabotage of French War Production During The Phoney War (1939-1940) », Past & Present, 189, November 2005, pp. 179 sq.)
On trouve la même volonté de minorer ces sabotages – qui seraient surtout des accidents, erreurs, maladresses- sous la plume de J.-L. Crémieux-Brilhac, Les Français de l’an 40, Gallimard, 1990, T.2.