Parution de « Les téméraires – tome 2 : On n’était pas des saints », de Jérémy Beurier

BEURIER Jérémy, Les Téméraires tome 2 – On n’était pas des saints, 2023, édité par l’auteur, avec l’aide de l’association montcellienne La Physiophile https://www.physiophile.fr/ 25 euros.

Dans le prolongement de Les téméraires, qu’il avait publié en 2020 avec Gérard Soufflet, Jérémy Beurier, membre de HSCO, fait cavalier seul, cette fois, pour nous présenter Les téméraires – tome 2 : On n’était pas des saints, avec une préface de Gérard Soufflet.

Dans un « avertissement » en début de volume, Jérémy Beurier,  nous prévient : «  Le lecteur… ne trouvera pas ici un hymne à la gloire du maquis passant sous silence la part d’ombre de la Résistance. Aujourd’hui, il est temps d’écrire l’Histoire ! On ne sait que trop bien, depuis 2000 ans et Le Guerre des Gaules de César, ce qu’est l’Histoire écrite avec la subjectivité des vainqueurs. Aussi, grâce à toutes les sources disponibles : témoignages bien sûr, mais essentiellement archives et enquêtes sur le terrain, je m’applique à écrire l’histoire de l’Armée Secrète de Montceau-les-Mines au plus près de la vérité. Néanmoins, ce travail est le reflet des connaissances actuelles et la découverte prochaine de nouvelles sources viendront la corriger et la compléter. »

Je voulais vous signaler et vous recommander la suite de l’ouvrage Les Téméraires consacré à la résistance dans le bassin de Montceau-lès-Mines écrit par Gérard Soufflet et Jérémy Beurier.

Cette fois, c’est ce dernier qui s’y est collé seul et le résultat, Les Téméraires II, « On n’était pas des saints » (édité par la Physiophile, 78, Quai Jules Chagot, 71300 Montceau-lès-mines) ravira autant les habitants d’une région bienheureuse d’avoir de tels historiens et de susciter un tel intérêt, que tous les amateurs d’histoire, lassés par les ouvrages à la gloire d’une résistance mythifiée, bien peu conforme à la réalité. Ici les témoignages sont mis en perspective avec les archives consultées et dépouillées des années durant. Sans émettre aucun jugement mais attaché à la recherche obstinée  de la vérité et des hommes quels que soient leurs camps respectifs Jérémy Beurier montre tout ce que peut apporter une histoire critique fondée sur la consultation et le dépouillement systématique des archives.

Si ce volume se concentre sur l’AS et la résistance gaulliste, d’ores et déjà, un 3e ouvrage consacré aux maquis et résistants communistes et FTP est annoncé.

Un livre que tous les gens intéressés par la Résistance, les maquis, la vérité d’une histoire longtemps parée du manteau de la légende, liront avec intérêt.

Jean-Marc Berlière

Préface de Gérard Soufflet :

Vous avez apprécié le livre « Les Téméraires », publié en 2020. En voilà la suite… Le premier ouvrage décrivait la période clandestine de la Résistance dans le bassin houiller de Montceau-les-Mines, jusqu’au printemps 1944, avant le Débarquement des Alliés en Normandie. Celui que vous avez entre les mains « On n’était pas des saints » prolonge l’histoire, qui devient principalement celle des maquis, jusqu’à la Libération, en septembre 1944.

Deux différences notables : cette suite est partielle car elle centre son récit sur la résistance Gaulliste, celle de l’Armée Secrète et de ses formations proches, anglaises du SOE ou polonaises de la POWN. Poursuivre un récit unique, menant en parallèle l’histoire des maquis AS et celle des maquis FTP de la mouvance communiste, promettait d’aboutir à un ensemble touffu, aux chronologies non superposables, donc difficile à suivre. Jérémy Beurier a cette fois seul pris la plume sur ce sujet dont il connait tous les rouages. Il vous faudra donc patienter quelques mois encore pour voir sortir la partie FTP.

L’approche historique n’a pas changé, vous offrant un travail où vous trouverez à la fois tout ce que les récits devenus officiels et les commémorations nous ont transmis, mais aussi la part restée dans l’ombre, initialement murmurée et aujourd’hui en passe d’être enfouie.

Le résistant emblématique de ce livre n’est plus le très jeune révolté des quartiers, dont « Les Téméraires » nous ont fait découvrir l’audace et l’écrasement final, mais l’homme un peu plus mûr, le plus souvent ouvrier mineur ou issu des autres couches de la population, qui va s’engager dans une lutte mieux organisée, fortement armée et dont l’issue victorieuse ne laissait plus guère de doute. On retrouvera toutes les composantes de la geste bien connue de la Résistance montcellienne d’avant la Libération, ses groupes francs, ses batailles sanglantes contre les Allemands : Cluny, Azé, Autun, ses coups de mains héroïque ou sa grande victoire de la reddition des fuyards de la Wehrmacht à Galuzot. Les exactions allemandes de l’été 44 seront précisément retracées, à Mary, au café Berthier, dans les rues de Montceau…

Mais cette histoire trop lisse et édifiante ne constitue qu’une partie du livre de Jérémy Beurier, car son opiniâtre travail de recherche en archives, ses entretiens depuis une dizaine d’années avec la plupart des survivants, obscurs combattants de base ou responsables de maquis, lui ont donné les éléments d’une histoire plus complexe qu’il nous livre maintenant. On y verra expliqués les dessous des organisations, la place qu’a pu jouer la concurrence entre les hommes ou la fascination tardive de la culture militaire, mais aussi l’infiltration parfois d’agents du renseignement allemand. L’apparition sournoise ou brutale des pulsions humaines n’est pas dissimulée, comme il a été si longtemps l’usage de le faire : le goût de tuer, la prédation sexuelle…

Attendez-vous donc à voir quelques solides réputations ternies et à lire les martyres indignes infligés par des résistants à plusieurs hommes ou femmes de chez nous, pas obligatoirement plus mauvais que bien d’autres.

Heureusement, comme dans « Les Téméraires », les figures héroïques et désintéressées sont légion, donnant foi en la capacité du peuple souverain à mener par lui-même de justes combats.

Gérard Soufflet

Septembre 2023

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