
Le jeudi 16 octobre aurait dû se tenir au tribunal de Bobigny le procès concernant la plainte déposée par Jean-Marc Berlière et René Fiévet contre Michèle Riot-Sarcey, pour propos diffamatoire sur le blog du CVUH et Natacha Coquery, présidente du CVUH considérée à ce titre comme directrice de publication. Le billet est encore en ligne :
https://blogs.mediapart.fr/cvuh/blog/121124/histoire-d-une-falsification-l-artilleur-2023
Ce texte d’une grande confusion puisque manifestement l’autrice ne connait ni le livre, ni la question, se trompe sur les dates, les chiffres et mélange des griefs d’un autre temps concernant notamment Jean-Paul Brunet, les archives de police, le 17 octobre 1961, se faisait l’écho d’une recension très critique signée Laurent Joly du livre Histoire d’une falsification, Vichy et la Shoah dans l’Histoire officielle et le discours commémoratif publié en 2023 par Jean-Marc-Berlière, Emmanuel de Chambost et René Fiévet.
La phrase litigieuse, diffamante est la suivante :
» Du point de vue de ces historiens révisionnistes, l’autre est l’ennemi, notamment le juif, étranger par définition selon le point de vue des véritables falsificateurs.«
Ce qui, en bon français, revient à accuser les auteurs de xénophobie et d’antisémitisme sans évidemment avancer le moindre commencement de preuve de ces graves accusations : rappelons que l’antisémitisme est un délit.
Avant de déposer plainte, Jean-Marc Berlière et René Fiévet avaient adressé un courrier au CVUH demandant de retirer la phrase en question, courrier demeuré sans réponse.
Comme il est d’usage, quelques jours avant l’audience, les avocats des deux parties ont échangé les pièces dont ils allaient faire état, c’est-à-dire, pour l’essentiel, des témoignages consignés par écrit, et, la veille de l’audience, l’avocat du CVUH informait son confrère qu’il allait demander la nullité de la procédure pour vice de forme : les plaignants auraient dû se faire domicilier à Bobigny, alors qu’ils s’étaient faits domicilier à Paris, chez leur avocat.
Entre temps, les dames du CVUH avaient déployé une intense activité pour » cagnotter », former des comités de soutien, et rameuter le ban et l’arrière-ban de leurs réseaux en prétendant qu’il s’agissait d’une « procédure baillon » visant en définitive à empêcher des historiennes de s’expliquer : ce qui était l’exact contraire de la réalité. De nombreuses personnes, manifestement abusées mais de bonne foi, ont donc signé des pétitions et versé leur obole (plus de 17 000 € recueillis) pour ce qu’ils ont cru une défense de la liberté des historiens… Les lettres de soutien produites par leur avocat sont édifiantes de ce point de vue : AUCUNE n’aborde la diffamation et ne se prononce sur l’antisémitisme et la xénophobie supposés des auteurs.
La salle d’audience pouvant accueillir plusieurs dizaines de spectateurs-auditeurs était donc majoritairement remplie de supporters du CVUH. Tous les historiens plus ou moins connus dans le domaine de l’histoire de la Shoah en France ou du régime de Vichy avaient été sollicités par Laurent Joly pour écrire des mots de soutien au CVUH. Seuls Paxton, C. Zalk, A. Doulut l’ont fait, mais leurs écrits concernaient tels ou tels points historiques qui d’ailleurs ne sont pas abordés dans le livre mais aucun auteur de texte de soutien envoyé au CVUH n’a approuvé, expliqué ou excusé la phrase diffamatoire. Autant dire que les chances du CVUH de l’emporter sur le fond étaient extrêmement minces, et leur avocat Me Braun a fait comme il l’avait laissé entendre, une demande en nullité de la procédure, à la surprise générale des supporters qui avaient été convoqués pour assister à un procès-spectacle. Après délibération d’une quinzaine de minutes la cour a confirmé la nullité de la procédure, en refusant de laisser le procès se dérouler sur le fond : » Vous irez faire vos débats historiques dans des amphis ou au café, mais le tribunal est fait pour dire le droit. » Les autrices-diffamatrices se sont ouvertement réjouies d’avoir échappé -en fuyant leurs responsabilités- à une condamnation quasi certaine. Mais le vice de forme était bel et bien, selon l’avocat des plaignants, imparable. Il n’y a aucune possibilité de reprendre la procédure contre le CVUH, car les irrégularités en question ne sont pas de simples vices de forme, mais des nullités de forme substantielles. L’acte est donc annulé de façon définitive
La suite ?
L’injustice s’étant prononcée il nous reste la possibilité de mener d’autres actions notamment sur le plan scientifique pour montrer les lacunes des travaux récents largement médiatisés par des journalistes qui feraient bien de s’informer auprès de diverses sources qui semblent avoir oublié toute déontologie en ne donnant l’avis que d’une seule partie.
La RHMC (Revue d’histoire moderne et contemporaine), qui avait publié l’article de Laurent Joly pourtant fort peu scientifique et n’hésitant pas à incriminer l’âge ou la qualité des auteurs qui, il est vrai, malmenaient un auteur oublieux des règles du métier dans un but clairement idéologique a refusé un projet d’article « Réponse à Laurent Joly », qui respectait certainement mieux que l’article de Joly lui-même les critères scientifiques de la revue et les recommandations aux auteurs.
Le mardi 21 octobre, les auteurs étaient prévenus en ces termes que leur article était refusé :
« Chers collègues,
Nous avons bien reçu votre demande de publication d’un droit de réponse à la suite de l’article de Laurent Joly. Après discussion de l’ensemble du comité, il a décidé de ne pas y donner suite. Cette décision relève de l’appréciation éditoriale du comité, dans le respect de la politique scientifique de la revue. »
Ce qui n’était pas une grosse surprise, car la direction de la RHMC avait apporté son soutien au CVUH, mais sans explication sur sa « politique scientifique » qui pourtant n’avait pas fait obstacle à la publication du texte de L. Joly.
Deux poids, deux mesures… chacun appréciera.
Nous publierons cet article soit dans une autre revue, soit de façon informelle sur des sites amis ou en PJ dans des mailings afin que chacun puisse juger et que le débat – sans insulte ni diffamation – puisse avoir lieu.
Jean-Marc Berlière, Emmanuel de Chambost, René Fiévet
Lire la réponse à RHMC sur le site d’Emmanuel de Chambost : Vichy et les Juifs – Réponse à Laurent Joly, par Jean-Marc Berlière, René Fiévet et Emmanuel de Chambost :
https://siteedc.edechambost.net/Paxton/Vichy_et_les_Juifs_Reponse_a_Laurent_Joly_2025.html
A lire aussi, sur le site d’Emmanuel de Chambost : En remontant de l’affaire du CVUH (2025) à l’affaire Joly vs Slocombe (2028) – mars 2025-maj novembre 2025 :
https://siteedc.edechambost.net/Paxton/Affaire_CVUH_Joly_Slocombe.html