« Les oubliés de l’Histoire – 1939 – 1945 », un répertoire biographique des prisonniers de guerre périgordins.

Ce premier tome des Oubliés de l’Histoire (1939-1945) s’inscrit dans une série exhaustive de plusieurs ouvrages, laquelle constitue un projet éditorial particulièrement novateur. L’effondrement militaire inédit et l’invasion allemande de mai-juin 1940, rappelés par l’historien et résistant Marc Bloch dans L’étrange défaite, avaient conduit à l’enfermement de plus de 16.000 Périgordins de naissance, d’adoption ou de circonstances, de Girondins des cantons rattachés au Périgord par le fait de la ligne de démarcation de Pujols-sur-Dordogne et de Sainte-Foy-la-Grande, ainsi qu’à celui de 4.000 autres soldats sous uniforme allemand affectés au camp de Brantôme (1945-1948).

Évocation rigoureuse, assise sur des sources multiples, ces biographies se veulent la base d’une réflexion sur les épreuves largement méconnues que supportèrent nos captifs en Fronstalags, Stalags ou Oflags.

Les lecteurs y trouveront l’évocation de parents, de proches, d’habitants de leur commune, dont la mémoire avait été trop oubliée jusqu’ici.

Cette publication a été réalisée avec l’aide de nombreux contributeurs.

Télécharger un extrait : 3_OubliesHistoire-p420-423

25 euros – Paru le 25 novembre 2022, aux EDITIONS LES LIVRES DE L’ILOT https://leslivresdelilot.fr/fr/accueil/99-les-oublies-de-l-histoire.html

Compte-rendu suite interview des auteurs par HSCO :

Jean-Jacques GILLOT, Francis-André BODDART et Guy LACHAPELLE du BOIS, tous trois membres de HSCO, et auxquels s’est jointe Martine PINAUD, se sont alliés pour recenser tous les périgordins qui ont été prisonniers durant la Seconde Guerre mondiale. Et c’est environ 16 000 prisonniers de guerre (de naissance, ayant vécu quelques temps dans le Périgord, ou ayant un lien avec cette région), que les auteurs ont tenté de retrouver dans leur intégralité, et qui ont leur biographie dans ce répertoire commenté et illustré en 5 volumes, une biographie plus ou moins longue selon les informations recueillies.

Le premier volume, regroupant les lettres A et B, est paru le 25 novembre 2022 sous le titre Les oubliés de l’Histoire – 1939-1945. Jean-Loup CHINOUILH, ancien général de corps d’armée et petit-fils d’un prisonnier de guerre, en a rédigé la préface.

Les volumes suivants paraîtront, à raison d’un tome de 3000 noms tous les six mois. Le tome 2 des Oubliés de l’Histoire (comportant les lettes C, D, E, F et G) paraîtra au printemps, avec une préface de Jean Bonnefon. Les auteurs avaient publié un précédent ouvrage intitulé Los embarbelats, mais il ne recensait que 1 200 noms de prisonniers périgordins, soit donc moins de 8 % des 16 000 soldats du Périgord qui ont été faits prisonniers (sous réserves d’éventuelles découvertes complémentaires au cours des recherches) .

Nous avons interrogé les co-auteurs afin de savoir comment ils avaient procédé pour retrouver la trace de tous ces prisonniers, et comment ils s’organisaient, pour ce travail collectif.

C’est Jean-Jacques GILLOT qui a eu l’idée de ce projet, il y a 10 ans. Il avait alors entamé seul les recherches qui ont mené ensuite à ce travail collectif. Il est l’ordonnateur du projet, le maître d’œuvre, tout en assurant sa part de recherches. « Au-delà des 1 200 premiers, nous a-t-il exposé, nous avons entamé une recherche biographique plus vaste. Nous avons visé la réalisation d’un répertoire exhaustif. C’est un travail de réhabilitation de ces oubliés que sont les prisonniers de guerre, que nous avons entrepris. Prisonnier, on l’a été ou on ne l’a pas été. On peut ne l’avoir été que peu de temps, parce que l’on s’est évadé, par exemple, mais même dans ce cas, c’est courageux. La grande majorité des prisonniers l’ont été pendant 5 ans. Cinq ans, c’est long. C’est une tranche de vie. C’est la rupture avec les siens, c’est le couple qui casse quand on revient, c’est l’entreprise, la ferme ou l’atelier qui n’existe plus. Et c’est aussi un certain  nombre d’hommes qui resteront célibataires parce qu’ils reviennent malades d’affections pulmonaires, circulatoires, etc. Martine PINAUD, co-autrice de cet ouvrage, a eu l’occasion, dans sa carrière d’infirmière, de soigner d’anciens prisonniers. Trente pour cent des anciens prisonniers de guerre sont morts nettement en avance sur leur tranche d’âge. Il s’agissait donc, pour nous, de réhabiliter des gens que l’on avait oubliés de façon assez indigne. C’est aussi aider à la compréhension d’un phénomène mal connu, négligé par les historiens ».

Nous avons voulu savoir comment les auteurs avaient fait pour retrouver tous ces noms. « Il n’y a pas de listes exhaustives, a précisé Jean-Jacques GILLOT. Il y a des archives disparates, qu’il faut croiser. Les listes des Allemands vont d’août 1940 à juin 1941. Elles recensent 998 000 prisonniers sur un total de 1 850 000, soit environ un sur deux, si l’on s’en tient aux listes officielles. Dont 16 000 Périgordins, donc… 16 000, car nous avons aussi inclus les soldats faits prisonniers sur d’autres fronts, à d’autres moments de la guerre, par exemple les prisonniers des Japonais en Indochine, ou les marins de Vichy capturés par les Anglais à Madagascar. Nous y avons également ajouté les volontaires sous uniforme allemand, ceux qui se sont engagés dans la LVF contre le bolchevisme, et qui ont été faits prisonniers par les Soviétiques ».

Nous avons demandé à Jean-Jacques GILLOT comment lui et ses co-auteurs ont fait, pour les trouver tous.

« On les repère par leur lieu de naissance, ceux qui sont nés en Périgord, donc. Mais il y a aussi les Périgordins de circonstance, ceux qui sont passés dans le Périgord, qui y ont séjourné dans des camps. Nous avons relevé leurs noms dans les listes des camps. Il y avait aussi des unités de régiments de tirailleurs sénégalais, en Dordogne, dont l’unité du 15e RTA, à base algérienne, à laquelle furent intégrés des autochtones. Il faut compter aussi des Bretons qui étaient venus s’installer en Périgord depuis les années 20, et puis aussi des Périgordins qui s’étaient exilés à Paris ou ailleurs ».

Guy LACHAPELLE du BOIS précise : « Les Allemands ont cessé de faire des listes en 1941. Personnellement, j’ai fait des recherches dans les registres matricules, aux archives départementales. Francis-André BODDART travaille aussi sur les archives du SHD, à Vincennes, aux archives nationales ou aux archives de Paris. Il est par ailleurs chargé de l’iconographie. Martine PINAUD travaille sur l’état civil. Nous nous partageons les recherches dans les archives départementales, les archives municipales. On tourne les pages des registres, et dès qu’on voit le mot « prisonnier », on s’arrête sur le document pour l’exploiter. Ensuite c’est étoffé en fonction de ce que les familles peuvent nous fournir. Il est difficile d’avoir des photos. Les anciens prisonniers sont pratiquement tous décédés, à présent, et les photos ont été dispersées lors des successions ».

Comment vous organisez-vous, concrètement ?

« Nous y consacrons une journée par semaine Nous nous réunissons quand c’est nécessaire. Sinon, nous échangeons par mail », précise Guy LACHAPELLE du BOIS.

Martine PINAUD a des raisons personnelles de s’intéresser aux prisonniers de guerre. « Pendant sa captivité, mon père était prisonnier dans un camp de travail à Brême. Il débarquait des chargements de bois. A son retour, il avait perdu sa situation professionnelle. Il était revenu très amaigri et est resté malade toute sa vie. Ma sœur avait 9 ans au départ de notre père pour la guerre ; il a retrouvé une adolescente à son retour. Moi je suis née après la guerre. Mais c’est toute la vie de la famille qui a été affectée, des années après. De par ma profession d’infirmière, j’ai rencontré beaucoup d’anciens prisonniers. Ils avaient des problèmes artériels, pulmonaires, cardiaques. Pendant leur captivité ils avaient fumé du mauvais tabac, qui leur servait de coupe-faim… Mon père ne parlait pas de cette période. Ma mère non plus, d’ailleurs. Elle tenait un restaurant, pendant la guerre. Les maquisards avaient réquisitionné une pièce du restaurant, où ils tenaient leurs réunions. C’était une période de peur et d’angoisse. »

Madame Pinaud,  comment avez-vous pris part à ce projet ?

« Cela fait 3 ans que je collabore avec M. GILLOT et les autres co-auteurs. Je connaissais Jean-Jacques GILLOT, que j’avais rencontré à un salon du livre. Il m’avait demandé s’il y avait des prisonniers de guerre dans ma famille. Et c’est ainsi que j’ai rejoint le projet. Je fais les recherches dans l’état civil sur toute la France. Je suis toujours très bien accueillie dans les mairies. Il est par contre difficile de contacter les familles, celles-ci n’étant pas toujours restées sur le site. Les familles que l’on peut contacter sont souvent très intéressées et désireuses de participer. A partir des actes d’état civil, on peut faire des analyses, aller plus loin dans la compréhension des situations personnelles. Les gens nés en 1905-1906, c’était souvent au départ des cultivateurs, qui ont ensuite appris un métier. On trouve des renseignements qui permettent d’étoffer les biographies des anciens prisonniers ».

Francis-André BODDART ajoute qu’ « un des enjeux de ce travail inédit a été d’analyser et de recouper des sources multiples. L’ambition du répertoire est aussi d’obtenir une moisson de données nouvelles, auprès des familles de prisonniers qui ont conservé  des documents jamais sortis du cercle privé, et ainsi enrichir  les tomes à venir ».

Les 5 volumes de ce répertoire biographique devraient intéresser les familles des anciens prisonniers, et servir d’ouvrages de référence pour les chercheurs.

HSCO

PRESSE

Dordogne : le long recensement des « oubliés de l’Histoire »

Martine Pinaud, Guy Lachapelle du Bois, Jean-Jacques Gillot, Violaine Barriller, le général en retraite Jean-Loup Chinouilh et Francis-André Boddart. © Crédit photo : Hervé Chassain/SUD-OUEST

Un groupe de passionnés a l’ambition de retrouver les biographies des 15 000 prisonniers périgordins de la Seconde Guerre mondiale

En Dordogne, Jean-Jacques Gillot s’est lancé dans une recherche de grande envergure qui ne devrait pas provoquer de polémique, comme c’est parfois le cas entre historiens. Entouré de nombreux contributeurs, il s’est lancé dans le recensement de tous les prisonniers de guerre du département ou rattachés à des unités de la Dordogne de 1939 à 1945 : ils seraient de 15 000 à 17 000. Lire la suite sur le site de Sud-Ouest => https://www.sudouest.fr/culture/histoire/dordogne-le-long-recensement-des-oublies-de-l-histoire-13310987.php

 

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