Arsène Tchakarian et l’Affiche Rouge – la Légende et l’Histoire

Par Michel MARTINEAU

AFFICHES POLITIQUES

Il y a des gens dont on dit qu’ils sont « une légende vivante ». C’est probablement le cas d’Arsène Tchakarian. Mais la légende est une chose, et l’histoire en est une autre.

Le 21 mars 2017, Michel Martineau, membre d’HSCO et auteur de Les inconnus de l’Affiche Rouge, a assisté à la projection, à la Salle Paul Eluard de STAINS (93), du documentaire de Michel Violet intitulé « Arsène Tchakarian : mémoire de l’Affiche Rouge ».

Arsène Tchakarian, aujourd’hui centenaire et témoin incontournable, est le dernier survivant du groupe Manouchian, commando des FTP-MOI bien connu par la fameuse affiche de propagande nazie dite  « L’Affiche Rouge », et dont les membres ont été arrêtés et fusillés au Mont Valérien (Hauts-de-Seine) le 21 février 1944.

Michel Martineau n’était pas tout-à-fait un simple spectateur : le réalisateur l’avait invité à dire quelques mots, au cours du débat, sur son livre Les inconnus de l’Affiche Rouge, Editions Libre Label, 2014 (1).

Après cette soirée, Michel Martineau, qui restait perplexe quant aux chances de la légende de laisser place de sitôt à l’histoire véritable, a rédigé un compte-rendu de la projection de ce documentaire et des réflexions qu’il lui a inspirées. Il a adressé ce compte-rendu au réalisateur, Michel Violet, qui lui a répondu. Avec l’accord de celui-ci, nous reproduisons sa réponse. (Voir compte-rendu et réponse du réalisateur sur PDF ici ARSENE TCHAKARIAN ET L’AFFICHE ROUGE – LA LEGENDE ET L’HISTOIRE

(1) La photo du cadavre du Commissaire Martineau, ainsi que de celui du Commissaire Gautier, figurent sur l’Affiche Rouge, bien qu’ils n’aient pas été assassinés par les FTP-MOI, mais par les FTPF, sur ordre du Parti Communiste.


FRANCE INTER “Autant en emporte l’Histoire”

L’émission du 10 septembre 2017 intitulée : “Mathilde, résistante et traître au parti”

peut être réécoutée en cliquant sur ce lien   https://www.franceinter.fr/emissions/autant-en-emporte-l-histoire/autant-en-emporte-l-histoire-10-septembre-2017

Une fiction de Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, d’après leur livre Liquider les traîtres – La face cachée du PCF 1941-1943, aux Editions Robert Laffont.

“… un corps de femme, abattue d’une balle, retrouvé en pleine forêt de Rambouillet, sans aucun signe permettant de l’identifierC’était en octobre 1942. Il faudra attendre plus de 60 ans pour que deux historiens obstinés redonnent à cette femme son nom. Et fassent le lien avec une autre énigme : celle de la disparition en 1942 d’une jeune résistante communiste, Mathilde Dardant, fidèle agent de liaison de Jacques Duclos et Benoît Frachon, deux figures du Parti communiste clandestin sous l’Occupation. Pour sa famille, Mathilde ne pouvait être tombée que sous les balles des nazis.”

Ce contenu a été publié dans Démarche / Méthode, Publications / Conférences / Média, Résistance / Maquis. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Arsène Tchakarian et l’Affiche Rouge – la Légende et l’Histoire

  1. Xavier Laroudie dit :

    Ce questionnement que soulève note ami Michel Martineau et la réponse que lui fait l’auteur du documentaire dont il est question, Michel Violet, sont ils une preuve de plus que le format médiatique et audio visuel en particulier ne peuvent être le résultat d’une démarche scientifique ? Michel Violet précise qu’il faut accrocher le spectateur avec ce qui évoque “la légende” et qui nous éloigne souvent de la réalité que retient une démarche historique.
    Ce qui importe c’est l’impression générale que va laisser sur le spectateur l’évocation de l’événement par la convocation de la légende…

  2. HSCO dit :

    Gérard Soufflet – 9 septembre 2017

    La particularité d’Arsène Tchakarian c’est que son récit déborde de ce que pourrait justifier sa participation modeste aux faits, et se transforme au fil des ans en règlement de comptes personnels (est-ce au fond une situation si rare) ?
    Il y eut d’abord un livre Les francs-tireurs de l’affiche rouge, qu’il publia en 1986 aux éditions du PCF (Messidor / Editions sociales), et dont les pages mêlent souvenirs personnels, dires d’autres acteurs et quelques références documentaires.
    Seulement le récit, comme le livre, ont fait l’objet d’une critique particulièrement dure de la part de Boris Holban, le chef militaire des FTP-MOI de Paris qui avait précédé Manouchian. Confiné après-guerre dans la Roumanie communiste, Holban ne réapparut à Paris qu’en 1979 et fut sidéré de la façon dont la participation des étrangers à la Résistance avait d’abord été étouffée puis se transformait sous ses yeux en légende. Impliqué dans les débats d’alors, il consacra un livre à tenter de redresser ce qui pouvait l’être de l’histoire des FTP-MOI parisiens (Boris Holban, Testament, Calmann-Lévvy, Paris, mars 1989), étayant en général ses souvenirs de nombreuses pièces d’archives. La dernière partie de ce livre (Après l’occultation, la légende) est consacrée à montrer comment “… les FTP-MOI et surtout ceux de Paris, évincés de l’histoire par la porte de l’oubli, y ont été réintroduits par la fenêtre de la mystification”. Le premier chapitre est consacré au rôle que joua dans cette reconstruction Mélinée, la compagne de Missak Manouchian ; le second, au cas d’Arsène Tchakarian et à ses innombrables affabulations…
    Depuis lors, l’histoire “Scientifique et Critique” est passée par là, et il n’y a plus grand-chose à connaître du groupe Manouchian
    Mais pour Arsène Tchakarian il y avait encore à dire ; piqué au vif par les mises au point d’Holban, il se mit contre toute évidence à le désigner comme le traître qui aurait fait tomber le groupe Manouchian ! Il y consacra même un deuxième livre Les commandos de l’affiche rouge (Editions du Rocher, Monaco, 2012).
    L’homme est attachant ; le poids des ans en a fait un commandeur de la Légion d’honneur et les enfants des écoles continuent d’apprécier ses belles histoires…
    Je ne sais si Michel Violet a abordé ces aspects dans son documentaire, mais il est sûr que la polémique (inégale) Holban-Tchakarian jette une lumière bien crue sur le dessous des récits de certains témoins.

Répondre à HSCO Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.